Un sujet un peu délicat et morbide je l'accorde mais qu'on avait abordé récemment mais que je trouve néanmoins fascinant par son coté dérangeant.
Faisons un bond en arrière, en 1839 exactement, un artiste, Louis
Daguerre donne naissance à l'un des premiers procédés photographiques,
nommé daguerréotype, permettant la réalisation de portraits accessibles à
tout le monde, il ne faut pas oublier qu'à cette époque, seules les
personnes nanties pouvaient se permettre la réalisation du dernier
portrait ou du masque mortuaire, la tradition du dernier portrait est
d’origine royale.
Ces premières photographies, qui sont en fait des images sans
négatif, exposées directement sur une surface en argent polie comme un
miroir, affichaient une image de façon permanente, elles sont les
premières à être utilisées commercialement.
C'est grâce à cette nouvelle méthode plus accessible, que les
familles pouvaient se permettre plus aisément de garder un souvenir du
défunt ; un mémento portrait.
On constate dès lors qu'il s'agit d'une pratique devenant
courante qui se perpétua partout, surtout en Europe Occidentale et en
Amérique du Nord.
Plus tard, les photographies post mortem de personnalités sont
même choisies pour faire la couverture de L’Illustration (c’est le cas
de Victor Hugo en 1885 et de Rodin en 1917).
On peut observer une évolution dans l'atmosphère de ces images,
les premières photographies post-mortem contiennent le visage ou le
corps, dans un décor naturel de façon à ce que la personne décédée donne
l'impression de dormir, le cercueil n'apparaît pas.
Les enfants, dont le taux de mortalité est très élevé à cette
époque, sont déposés dans leur berceaux, dans leur lit ou sur des
divans, souvent leur jouet préféré les accompagne.
Il est aussi fréquent que des parents posent près de leur défunt afin de
reformer la famille telle qu'elle était avant la venue de la mort.
Il est bouleversant de constater le travail et le courage fournis
par les proches pour que l'être cher enlevé, pose de manière
naturelle, yeux ouverts, assis ou couchés.
On colorie également certaines photos de teintes roses afin de donner
une couleur parfaite au mort.
La mode des photographies post mortem s'est étendue jusqu'aux animaux
domestiques, ce qui est normal dans un sens, puisqu'ils faisaient
également partie de la famille.
Ce n'est que quelques années plus tard, que l'aspect de ces photos
changent, il y a moins d'efforts afin de donner un air de vie au
trépassé, on peut alors constater l'arrivée du cercueil et le décor de
la chambre mortuaire sur les images.
A cette époque, la photographie post mortem est souvent la seule
image de la personne décédée, ultime preuve de son existence.
La photographie post mortem, n'est pas totalement révolue, elle
est encore pratiquée dans certaines régions du monde, comme l'Europe
orientale et certains pays de l'Est.
On distribue encore de nos jours des photographies de personnes
considérées comme "Saint ou Sainte", aux fidèles catholiques ou aux
Orthodoxes Chrétiens en Europe de l'Est .
"La communauté polonaise et la Pologne constituent un terrain
d’investigation fort intéressant dans la mesure où d’importantes
transformations structurelles ont amené ces populations, essentiellement
de confession catholique, à remanier leurs pratiques et leurs
imaginaires afin de les adapter aux nouvelles réalités sociales. Le
rapport actuel de ces populations aux photos post-mortem en particulier,
et plus généralement aux pratiques funéraires, sert de support à une
réflexion sur l’évolution de la perception de la mort, sur l’usage
familial de la photographie et, sur la transmission et l’évolution de la
mémoire dans un contexte d’importants changements sociaux.".
Bonne réflexion que celle de l'anthropologue Emilie Jaworski.
Quand enfant, on découvre les photos post mortem de certains de
ses ancêtres, on voit la mort avec un regard différent de celui pour qui
ce sujet est tabou, c'est un bonheur de pouvoir découvrir les visages,
sans vie peut-être, mais qui renaissent à nos yeux et marquent à tout
jamais notre subconscient.
source: hérésie.com